Chers enfants,
Je vous écrivais hier sur la vie et les combats des adivasis, ces peuples qui vivent dans la forêt depuis des siècles.
Jis, ma chère voisine, qui fait de la recherche dans les forêts et connaît plusieurs de ces adivasis, est venue me voir lors de sa dernière visite à Kudakkachira. Elle m’a dit que la montagne et les forêts des Ghats sont habitée depuis des milliers d’années.
Elle était vraiment heureuse de me parler de Marayoor (Marayur), à 150 kilomètres de chez moi, dans cette montagne des Ghats occidentaux, à 1600 mètres d’altitude, où elle séjournait récemment.
À Marayoor, nous avons la chance d’admirer des dolmens qui nous disent que des humains vivaient là à l’âge de pierre, on y découvre aussi des peintures rupestres de la même époque.
C’est aussi le seul lieu du Kerala où poussent des forêts naturelles de bois de santal.
Autant vous dire que Jis avait du mal à cacher son enthousiasme et son admiration face à la richesse historique et archéologique de ce site qui nous fait remonter au Mésolithique et au Néolithique.
Emmanuel et Henri m’ont assuré que Monsieur Jean-Paul Demoule, le grand archéologue de votre conseil scientifique, serait très intéressé de faire un séjour à Marayoor. Il pourrait vous donner des explications sur les âges de pierre, de bronze et de fer. Il pourrait vous faire revivre cette grande période allant du Mésolithique au Néolithique, époque où les humains construisaient des dolmens.
Jis vous propose de découvrir, grâce à sa vidéo, ce site merveilleux de Marayoor, et de voir ses dolmens, sa forêt naturelle de bois de santal.
Elle filme aussi les champs de canne à sucre, importants à Marayoor pour faire le jaggery, ce sucre non raffiné qui me fait saliver juste en y pensant !!!
Mon voisin Henri et Emmanuel m’ont dit que c’est vraiment incroyable, qu’à une époque très ancienne, en France, comme au Kerala, les humains ont construit de très beaux dolmens.
À Carnac, en Bretagne, vous avez ces vestiges d’un lointain passé, pendant la période du Néolithique, qui servaient de tombeaux.
Ils étaient construits avec des grosses pierres posées à la verticale et couvertes par une immense pierre qui formait la toiture.
Ce qui m’a paru intéressant, c’est aussi l’origine du mot dolmen qui vient d’une langue régionale de chez vous, le breton : table (dol) de pierre (men). C’est un monument mégalithique (grosses pierres, en grec) fait de pierres brutes agencées en forme de table.
Kuttan de son côté était très intéressé, il avait déjà entendu parler des dolmens de Marayoor, mais jamais des dolmens de Carnac, en Bretagne, près de chez vous, ni des dolmens de Sicile, ni de ceux du Caucase et encore moins de ceux de Corée.
Cet âge de pierre nous fascine, les humains nous parlent au-delà des millénaires, nous racontent par l’agencement des pierres comment ils honoraient leurs morts, c’est beau.
La liste des pays du monde où il reste des dolmens est importante.
Je vois que la France comme mon pays sont riches de vestiges qui nous font remonter à plus de six ou sept mille ans.
Emmanuel et Henri m’ont aussi expliqué que vous avez gravé, avec Maki, une pierre qui va raconter votre histoire pendant une durée très longue, avec un petit déjeuner enfoui dans le sol, à la ferme de Bertinghen. C’est une superbe histoire.
Chers enfants, encore une fois, je me rends compte que notre histoire a d’incroyables points communs et cela me réjouis. Je remercie Jis pour le travail sur le site de Marayoor, qui nous a conduit des dolmens de mon petit état du Kerala à votre menhir de la ferme de Bertinghen.
Je vous fais de gros bisous,
A demain,
Shila