Lettre de Shila : “Les épices de la côte de Malabar”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour les enfants,

Comme promis je vais vous parler des épices de notre côte de Malabar, que vous connaissez mieux, suite à mon dernier courrier. Les épices sont cultivées sur la côte, mais aussi dans les collines et le relief montagneux des Ghats du Kerala.
Je vous ai expliqué que le commerce des épices remonte à l’antiquité. On dit que six siècles avant Jésus-Christ, les Juifs se sont installés dans le sud de l’Inde. Mon cher Voisin Henri m’a recommandé pour vous un article publié en 2003 dans la revue “L’histoire” à ce propos :

“Originaires du Moyen-Orient ou implantés dans le pays depuis des temps immémoriaux, les Juifs ont joué un rôle important dans l’essor économique du pays.
L’Inde abrite des Juifs depuis des temps immémoriaux. Ceux de Cochin, dans le sud-ouest du pays, s’y seraient installés il y a au moins deux mille ans. Il s’agit de marchands ou de réfugiés fuyant Jérusalem, conquise par les Romains. Il y a aussi parmi eux des agriculteurs, des soldats. Des Juifs ibériques, expulsés d’Espagne, les rejoignent au XVIe siècle. Pour la plupart prospères, ils sont bien vus dans la société indienne et conservent leur identité juive. Leur belle synagogue dite « Paradesi » « des étrangers » a été fondée en 1568.

Plus compliqué est le cas des Bene Israël fils d’Israël : ces Juifs « autochtones » – la communauté la plus nombreuse du pays – ont quant à eux pris racine dans l’ouest de l’Inde. Ils assurent descendre d’une des tribus perdues d’Israël. Certains chercheurs font remonter leur présence en Inde à l’époque du roi Salomon, au Xe siècle avant Jésus-Christ, d’autres à une immigration en provenance du Yémen, au milieu du Ier millénaire. Il est plus probable qu’ils sont arrivés vers le ve-vie siècle de notre ère du sud de l’Arabie ou de Perse”

Quoiqu’il en soit, à Port Cochin, vous avez Jew Town, qui était le quartier Juif. C’est la marque importante du rôle qui a été le leur dans le commerce des épices.

À Cochin, ce grand port du Kerala, vous avez aussi l’unique bourse au poivre du monde, c’est là que se fait la cotation du roi des épices, le poivre de Malabar.

Le poivre du Kerala a et continue de parfumer le monde, mais il est accompagné de nombreuses autres épices qui sont :

La cardamome, qui est la reine des épices. Elle pousse plus en montagne, c’est une épices très appréciée également, elle agrémente plats, gâteaux, thé etc.

La noix de muscade est une petite noix entourée d’une petite enveloppe rouge, appelée “macis”, parfumant de nombreux plats.

Tout autour de moi, je suis entourée de muscadiers, arbres très verts, pleins de noix de muscade, de poivriers, ces lianes recouvertes de grappes de poivre, de girofliers, qui donnent les clous de girofle… Puis la canelle, écorce du canelier, etc.

Sur les parcelles de terre, je vois les plants de gingembre et de curcuma, ce sont des jolies feuilles dont les racines sont des rhizomes très appréciés dans toutes les cuisines de mes voisins.

Mon voisin Henri a déniché un article intéressant qui décrit 9 épices du Kerala, il en oublie, mais c’est déjà instructif :

Je suis sûre que je vous ai mis l’eau à la bouche !! Je sais que Patrice, votre chef cuisinier à l’auberge de la Ferme, apprécie beaucoup les épices du Kerala, j’ai demandé à Henri de lui en emporter un peu. Il saura faire un excellent masala ou curry.

Je vous souhaite bon appétit et vous embrasse très fort.

Shila