Lettre de Shila : “Les mécanismes du pleur”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Hier soir pour m’aider à m’endormir, Mister Kuttan m’a relu le livre que j’aime tant, qui s’appelle « L’enfant d’éléphant » et dont je vous avais parlé :

A chaque fois, je suis touchée par le passage où le crocodile mord la trompe de l’éléphanteau, et quand le petit se met à pleurer.

Mais, est-ce que les éléphants sont capables de pleurer ? C’est vrai, quoi, c’est une grande question ; les humains ont observé des ruissellements sur nos joues, mais est-ce vraiment quand nous pleurons ?

La question reste controversée.

Il semblerait que nous autres ne pleurons pas, mais avons régulièrement chez les mâles cette capacité de signifier que nous grandissons et que cela fait quelque-chose à notre corps :

Les humains restent cependant incertains me dit mon cher voisin Henri ; ils restent troublés par des animaux qui expriment les sons des pleurs comme les bébés humains :

Emmanuel, qui appelait ce matin Kuttan et Henri pour prendre des nouvelles, me dit que chez les humains aussi, la question de savoir pourquoi on pleure est un sujet de grande préoccupation. Si j’ai bien compris, les bébés humains ont besoin de pleurer pour exprimer leur existence, et tenter de créer du lien avec d’autres que lui, et de grandir en toute sécurité.

Kuttan, Henri et Emmanuel m’expliquent aussi que le fait de pleurer, chez les humains, est universel ; que les larmes peuvent couler sur leurs joues quelles que soient leur condition, leur culture, leur éducation. Ce serait, si j’ai bien compris, l’un des éléments qui définit l’humanité :

Il semblerait que vous, les humains, êtes façonnés pour pleurer ; les grandes lacrymales que l’on retrouve dans le corps de bien des animaux sont pour vous un moyen de surcroît pour exprimer aux autres des émotions que vous ne parvenez pas à communiquer par d’autres moyens.

Hummm, très intéressant.

Je comprends mieux Henri et Emmanuel quand ils me racontent que le soir, vous pouvez pleurer parfois dans votre chambre, et que vos chères surveillantes de nuit, vos chers surveillants de nuit de votre maison viennent vous réconforter.

Si la nuit peut être une amie… :

… Elle peut être aussi le moment du retour des émotions, si fortes qu’il vous faille les exprimer pour demander une présence à vos côtés afin de mieux les comprendre, les accepter, et vous ré-endormir.

Chers enfants, je me dis que le fait de pleurer n’est pas forcément une mauvaise nouvelle ; il permet d’être entouré, d’être aidé, de trouver des solutions à la peine trop grande, mystérieuse, qui nous afflige.

Sachez que je suis toujours là, même en pensées, pour sécher vos larmes, discuter, y penser, et peut-être même : rigoler.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila