Bonjour chers enfants, comment allez-vous ce matin ? La journée qui s’annonce sera-t-elle pour vous, chacune et chacun à sa façon, un moment différent de la veille ?
Je me permets de penser que cela est fort probable, ne serait-ce que parce qu’en-nous tous, quelques cellules vont changer à coup sûr du fait de cet incroyable phénomène dont je vous parlais, et qui ne cesse de nous changer :
Ce matin, comme à mon habitude depuis la semaine dernière, je regardais mon petit pré, cherchant toutes situations où quelqu’un ou quelque chose vient en aide à quelqu’un ou quelque chose d’autre :
A la surface de la mare qui se trouve à cent mètres de la charmante maison d’Henri, j’ai vu une drôle de minuscule bestiole sortir avec difficulté des eaux, puis s’envoler dans un “bzzzzzzz” que je ne connais que trop bien, et qui signale généralement que je risque d’être piquée :
Mon dieu que cette toute petite chose a eu du mal pour s’extirper de la surface de la mare ; c’est comme si elle était toute engourdie. Et puis, à force d’essayer, elle a réussi à déployer ses pattes, ses ailes, et hop ! : c’était parti pour l’envolée.
Henri m’a expliqué que ces animaux, appelés « moustiques » changent complétement de corps. Bébés, ils ressemblent à des œufs qui gigotent. Vous autres les humains les appelaient « larves ». Et puis le corps du moustique mue, et revêt quelques temps plus tard toutes les capacités d’un insecte volant.
Incroyable, cela me rappelle la lettre que je vous ai envoyée à propos des tours de magie :
Emmanuel m’a dit que cela n’a rien de surnaturel, que beaucoup d’êtres vivants sont concernés par ce que vous appelez : une métamorphose.
Ah bon ? Alors moi aussi l’éléphante, je serai appelée à me métamorphoser ?
Henri et Emmanuel m’expliquent que si ce n’est pas aussi marqué que pour le moustique, la période du musth chez l’éléphant signale aussi un changement dans son corps :
Ah, j’ai remarqué en effet que les éléphants mâles en plein musth ont un comportement différent de d’habitude, je les trouve plus nerveux.
Alors une métamorphose, c’est souvent douloureux ?
Emmanuel me dit qu’en effet, changer d’un état à un autre est souvent un effort qui a des conséquences soit physique soit mentale. Emmanuel m’a raconté qu’une dame est venue parler dans vos maisons pour raconter un film qu’elle a réalisé avec des jeunes humains durant les années de leur transformation :
C’est passionnant, je vois que les animaux, les humains, nous ruminons les mêmes questionnements à mesure que nous grandissons durant cette période de la vie où, d’enfant, nous devenons adulte.
Emmanuel me dit que certains humains, tellement chamboulés par le fait de devenir adulte, refusent même cet état de fait et continuent à se comporter comme des enfants. Cela s’appelle, si j’ai bien compris, « le syndrome de Peter Pan », vous savez ? Ce personnage que vous avez sans doute vu au cinéma.
Est-ce que ça concerne tous les humains cette frousse de grandir au point de le refuser ?
Henri et Emmanuel me disent que cela doit concerner beaucoup beaucoup de personnes, car depuis très longtemps, vous autres, les humains avaient compris ce moment décisif, et avez inventé des rituels pour aider les petits d’hommes à accepter d’être adultes :
Henri me dit que ces passages d’un âge à un autre peuvent fonctionner par chez-vous ; des enfants, dont le papa ou la maman travaille pour pêcher les poissons, ont hâte de grandir pour être à leur tour sur les bateaux afin de prendre la succession :
Mes chers enfants, moi l’éléphante philosophe me dit qu’accepter le passage à l’âge adulte, n’est jamais simple ; il faut y être encouragé par des adultes bienveillants, comme le sont vos éducatrices ou éducateurs.
Je vous envoie cette belle musique de Mister Bowie, artiste des transformations s’il en est, pour vous accompagner dans ce passage :
Je vous embrasse très fort,
A demain,
Shila