Bonjour chers enfants,
Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit que vous écoutez beaucoup de musique dans vos Maisons ou dans le camion qui vous emmène à l’Ecole.
Et puis, me dit aussi Emmanuel, vous aimez regarder le matin pendant les vacances des émissions où vous voyez des chanteurs, des groupes danser. Moi aussi, parfois j’entends dans le pavillon à côté de mon pré de la musique et cela attire beaucoup mon attention. Et j’aime bien contempler les enfants lors de la fête de l’école du village : les chorégraphies apprises avec leur institutrice sont toujours si belles à voir.
Nous autres les éléphants, comme vous autres les humains, sommes très curieux d’écouter de la musique. Emmanuel me dit que vous avez un proverbe qui dit « La musique adoucit les mœurs ». J’ai compris qu’écouter de jolis morceaux fait du bien.
En Thaïlande, à 4000 kilomètres de chez moi, Mister Paul Barton, musicien, a eu l’idée de jouer du piano en présence de mes cousines et cousins dans un hôpital pour éléphants :
Mister Barton raconte comment tout a commencé avec Plara, éléphante aveugle, dans un article que m’a envoyé pour vous Emmanuel :
« Les éléphants mangent beaucoup de nourriture. Beaucoup. Il est épuisant d’essayer de fournir autant de nourriture à tant d’éléphants. Quand un éléphant mange, c’est un peu comme un chien. Un chien mangera sa nourriture si rapidement parce qu’il n’est pas sûr qu’il en mangera à nouveau. Et les éléphants sont pareils. Une fois qu’ils auront mis la main sur des feuilles juteuses, ils mangeront et mangeront et rien ne pourra les arracher à leur nourriture. Ce matin-là, j’ai apporté le piano tôt au sanctuaire. Plara a été emmenée dans un champ rempli de pousses de bambou juteuses et elle a commencé à manger avec un dévouement unique. J’ai commencé à jouer du Beethoven et elle a arrêté de manger. Il y avait cette pousse de bambou à moitié mangée qui sortait de sa trompe pendant qu’elle me fixait. C’était une réaction jamais vue auparavant. Un éléphant a arrêté de manger à cause de la musique.
Tous les animaux aiment la musique. Chiens, chats, etc. Mais les éléphants sont les plus proches des êtres humains dans le sens où ils ont les mêmes neurones dans le cerveau que nous. Ils ont également une très bonne mémoire. Si vous êtes maltraité en tant qu’enfant, vous vous en souviendrez toute votre vie. C’est la même chose avec les éléphants. L’éléphant partage avec nous cette partie du cerveau qui a des flashbacks. Ils ne peuvent jamais oublier les choses terribles qu’ils ont vues et endurées. Si vous jouez de la musique classique à un éléphant, quelque chose de doux et de beau, quelque chose que les êtres humains écoutent depuis des centaines d’années depuis des centaines d’années, quelque chose qui est intemporel – et vous jouez cela à un éléphant qui est aveugle et qu’ils n’ont jamais entendu la musique avant, la réaction n’a pas de prix. Il existe un lien spécial entre vous et l’éléphant. Vous communiquez avec eux dans une langue différente. Cette langue n’est ni la nôtre ni la leur. Il y a quelque chose d’infiniment merveilleux dans un morceau de Beethoven qui me relie à cet éléphant et ce sentiment est d’un autre monde. »
Extraordinaire n’est-ce pas chers enfants ?
Emmanuel m’a expliqué que Mister Barton connaît les travaux des scientifiques étudiant le cerveau. Mon cher voisin Henri m’a dit qu’un de ces chercheurs : M. Lemarquis, travaille avec vous au Conseil scientifique de vos Maisons.
Monsieur Lemarquis s’intéresse beaucoup aux neurones miroirs, que nous, les éléphants, vous, les humains, avons dans le cerveau. Si j’ai bien compris, ce sont de minuscules choses, mais qui permettent que nous apprenions les uns des autres :
Génial : mes neurones miroirs, vos neurones miroirs, c’est un trésor précieux. Grâce à elles, les éléphants peuvent aimer la musique des humains, peuvent aimer peindre :
Grâce aux neurones miroirs, les humains peuvent aimer contempler les éléphants, deviner leur intelligence, leurs émotions.
Mes chers enfants, j’adore ce sujet. Demain j’essayerai de réfléchir grâce à M. Lemarquis aux conditions pour que nous puissions nous considérer intelligents, sensibles.
A demain les enfants,
Gros bisous,
Shila