Lettre de Shila : “Les pêcheurs de Kollam”

Bonjour les enfants,

Comment allez-vous après cette première semaine de reprise de vos activités culturelles ??

Ici nous sommes toujours en activité réduite : le tourisme, qui est un point fort du Kerala, tourne au ralenti. Les salles de cinéma sont fermées ; en Inde, le cinéma a une grande importance.

Aujourd’hui je vais vous parler des pêcheurs de Kollam, autrefois appelé Quilon, un port de pêche important comme celui de Boulogne sur mer. C’est à un peu plus de 100 kms de Kurichithanam, mon village.

Les pêcheurs de Kollam sont exemplaires, car ils ont lancé une initiative de nettoyer leurs lieux de pêche du plastique qui les envahit. Mon cher voisin Henri m’a transmis pour vous un article qui raconte cette importante mobilisation :

Les marins de la région du Kerala, au sud de l’Inde, ont décidé de récolter le plastique qu’ils trouvaient en mer et d’organiser leur recyclage. Les autorités locales ont embrayé le pas depuis quelques semaines, entraînant un mouvement environnemental positif. L’initiative a été lancée par les pêcheurs, premiers témoins de cette terrible pollution aux déchets plastiques de l’océan Indien et surtout victimes de ses effets : ces pêcheurs du Kerala se sont rendus compte ces dernières années qu’ils remontaient de plus en plus de bouteilles ou de sacs de plastique dans leurs filets, et de moins en moins de poissons. Ils ont compris que ces déchets tuaient la faune marine et ont donc décidé de réagir.

Ils ont ainsi organisé une collecte depuis les deux principaux ports de pêche de la région de Kollam. Quarante bateaux, soit 5 % de la flotte, sont donc dédiés à cette mission et rentrent tous les jours au port.

Au début, les femmes du village s’occupaient du tri de ces déchets plastiques sur le quai, mais depuis quelques jours, une entreprise, aidée par le gouvernement régional, a fourni une machine spéciale pour trier, nettoyer, et découper ce plastique. Et il y a de quoi faire : 800 kg de déchets sont ainsi rapportés chaque jour de mer !

Le plastique est ensuite utilisé pour construire des routes. Car une nouvelle technique permet de mélanger du plastique recyclé à du bitume et réaliser des voies qui sont d’ailleurs plus résistantes aux intempéries que celles entièrement faites en goudron. Et surtout, cela permet de trouver une incitation économique à la récolte de ces déchets.

L’océan Indien, gigantesque poubelle.

L’énorme densité de population des villes indiennes et le manque de conscience environnementale de ses habitants font des ravages : les côtes situées au large des villes de Bombay ou du Kerala sont parmi les plus polluées du monde, selon une étude allemande, qui a créé une base de données appelée Litterbase. Selon celle-ci, au moins 1 220 espèces de l’océan Indien seraient affectées par la présence de ces déchets.

Les autorités du Kerala sont conscientes de ce danger et viennent de lancer une campagne d’éducation des populations des côtes, pour ne plus qu’ils jettent le plastique à la mer. Et cela est urgent : en 2010, l’Inde était le 12e plus grand pollueur des mers. Les scientifiques estiment que le pays multipliera par cinq ses rejets de plastique d’ici 2025, pour se placer à la 5e place de ce triste classement.”

Voilà une belle histoire, chers enfants, dont je voulais vous faire part, car je sais que vous êtes conscients, vous aussi du problème de la pollution et que vous agissez à votre niveau.

Je continuerai à vous parler des pêcheurs de Kollam qui sont vraiment très attentifs à Kadalamma, « la mère mer ». C’est ainsi qu’un pêcheur surnomme la mer d’Arabie, qui n’est pas loin des côtes du Kerala. Si cette dernière ne lui a pas donné vie, elle lui permet de la gagner. Grâce aux poissons dont elle regorge, il peut nourrir sa famille et vendre quelques-unes de ses prises sur le marché. Et la mer l’a protégé trois fois de cyclones et une fois d’un tsunami.

Je vous fais de gros bisous et vous dis à demain.

Shila