Lettre de Shila : “Les voies du surnaturel”

Chers enfants, comment allez-vous ?

Hier je vous écrivais pour vous dire que mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-mère et mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-père étaient à la fois hippopotame-éléphant-tortue d’après vous autres, les humains.

J’en suis toute tourneboulée, si c’est vrai, c’est tellement chavirant. J’ai du mal à y croire.

Mon cher cornac, Mister Kuttan, a vu ce matin mon état de confusion. Déposant les pousses à mes pieds pour mon petit-déjeuner, Kuttan m’a expliqué qu’il ne faut pas que je m’inquiète, que si c’est vrai ce n’est pas une mauvaise nouvelle, que l’idée d’un au-delà de soi, très différent, peut impressionner mais n’est pas forcément un signal de danger.

Kuttan m’a dit que cela s’appelle, chez vous autres les humains, le « surnaturel ».

Kuttan et Henri m’ont raconté qu’une personne de mon pays réalisateur de film pour le cinéma : Mister Night Shyamalan, était reconnu dans le monde comme l’un des plus grands inventeurs d’histoires mêlant réalité et imagination.

Henri m’a dit que vous autres, les humains, adoraient ces histoires qui racontent qu’il y a des choses qui se passent, et qui sont inexplicables. Ainsi dans mon pays, les humains ont créé des illusions incroyables, que vous appelez « les tours de magie ».

Parmi ces extraordinaires moments regardés avec attention par les humains, Emmanuel me dit qu’il y a un tour de passe-passe fameux appelé « la corde indienne », inventée par vous voici deux cents ans.

Hummmm, que vous êtes bizarres. Nous autres, les animaux, ne pourrions croire de telles balivernes.

Emmanuel me dit que je me trompe, que nous aussi, les animaux, sommes sensibles aux voies du surnaturel. Ainsi de ces singes, orang-outang et chimpanzés, qui réagissent bellement aux tours que leur proposent des magiciens :

Oui, bon, ce sont les singes. Plein d’autres animaux sont assez intelligents pour ne pas tomber dans ces embrouilles.

Que nenni ; Emmanuel me dit que des oiseaux, les « geai », sont très intéressés aussi par les tours de magie, et vous autres les humains réfléchissez par conséquent à la capacité d’animaux de croire. Ce serait un nouvel exemple de notre intelligence.

Et nous, les éléphants ?

Henri me dit que nous avons beaucoup travaillé avec le plus célèbre des magiciens, Mister Houdini. Ma cousine Jennie, sa complice, a éberlué le public en disparaissant d’un coup, sans explication plausible.

Henri et Emmanuel me disent que Mister Houdini a beaucoup travaillé avec nous autres, les éléphants, pour émerveiller les spectatrices et spectateurs de ses shows aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde.

Hummm, très intéressant.

Chers enfants, moi l’éléphante curieuse de tout, me dis que mon pays : l’Inde, est sans doute un des endroits dans le monde où l’on aime rêver au surnaturel. Ce n’est pas que mon pays soit déconnecté des réalités, c’est plutôt que nous apprécions sentir à tout instant qu’il y a des forces qui nous dépassent, et qu’il faut les prendre en compte pour que la vie soit plus agréable à vive.

Chers enfants, je vous envoie pour y penser deux musiques surnaturelles, l’une de mon pays, avec à la baguette Mister Ravi Shankar (comme quoi, la magie : ça s’apprend)… :

…. L’autre musique vient d’un pays à côté du mien. Mister Nusfrat Fateh Ali Khan enseigne à un enfant l’art de chanter comme nul autre pareil :

Vive la magie, vive l’émerveillement,

A lundi chers enfants,

Bisous,

Shila