Chers enfants,
Je sais que vous vous intéressez beaucoup à la nature, aux arbres et à votre superbe environnement avec la mer et les forêts de la Capelle, d’Hardelot et de Desvres. Quelle chance vous avez de vivre dans cette formidable région de Boulogne-sur-mer. Je dois vous dire que je suis aussi très gâtée, car autour de moi, dans le Kerala, les arbres sont mon environnement, je n’ai pas besoin d’aller loin pour trouver de l’ombre et dieu sait que l’ombre n’est pas un luxe dans mon pays tropical.
Mes amis Emmanuel et Henri m’ont fait part de votre très beau projet de planter des arbres et de faire une petite forêt, chez vous, à la ferme de Bertinghen à Saint-Martin Boulogne. Ah si je pouvais vous donner un coup de trompe pour vous aider, j’en serais ravie, hélas les 8000 kilomètres qui nous séparent mettent un frein à mon désir.
Si votre projet de plantation m’enthousiasme, je dois vous dire que mon cher Kuttan me rend parfois très triste quand il me lit le journal « Deepika ». Des forêts sont détruites par la volonté destructrice des hommes dans le but de tirer des profits ou par des gestes inconscients. Il me parle aussi du dérèglement et du réchauffement climatiques. Cela malheureusement nous concerne tous, arbres, éléphants, insectes et autres animaux et les humains !! Nous sommes tous “dans le même bateau”, comme vous dites à Boulogne.
Je suis née il y a 46 ans, en 1975, d’après ce que me dit mon cher Kuttan, dans la montagne du Kerala.
En 1968, quelques années plus tôt, un écrivain de chez vous, Romain Gary, écrivait une lettre à l’éléphant. Je pense qu’il s’adressait à un de mes cousins d’Afrique, mais je peux aussi penser qu’il s’adressait à moi, l’éléphante de Kurichithanam :
“Romain Gary publie un texte intitulé Lettre à un éléphant. Extrait : « Monsieur et cher éléphant, … Depuis fort longtemps déjà, j’ai le sentiment que nos destins sont liés (…). A mes yeux, …, vous représentez à la perfection tout ce qui est aujourd’hui menacé d’extinction au nom du progrès, de l’efficacité, du matérialisme intégral (…). Il semble évident…que nous nous sommes comportés tout simplement envers d’autres espèces, et la vôtre en particulier, comme nous sommes sur le point de le faire envers nous-mêmes (…). Dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus de place pour l’homme. »“
J’aime beaucoup sa lettre que vous pouvez lire en entier dans le bel article du journal « Le Monde » :
J’ai déjà parlé des éléphants d’Afrique menacés d’extinction :
Je vous ai aussi parlé de la recherche de Jis sur les orchidées, cette si belle fleur qui a la capacité de survivre et de s’adapter à de nouvelles conditions et de nouveaux écosystèmes :
Vous savez mon optimisme congénital, je vais donc regarder les actions positives, comme votre beau projet de plantation de petite forêt, en étant bien sûr consciente de la dure réalité. Mon voisin Henri me dit que d’autres projets de plantation de haies et de forêts se développent. Certains ont été mis en exergue à l’occasion du congrès mondial de l’union internationale de conservation de la nature (UICN) du 3 au 11 septembre à Marseille.
C’est un peu ma réaction à la lettre touchante de Romain Gary. Nos destins sont très liés et par la prise de conscience et par nos actions nous pouvons aller de l’avant.
Je vous fais de gros bisous.
A demain,
Shila