Lettre de Shila : “Métabolismes”

Bonjour chers enfants, commet allez-vous ? Avez-vous fêté joyeux anniversaires de vos camarades ou de vous-mêmes ces derniers jours ?

Je vous en parle, car hier matin, j’ai eu 46 ans.

Hummm, je n’osais pas vous en parler, j’en suis forcée car ce matin Mister Kuttan m’a comme d’habitude apporté mes chères pousses de bambous au petit-déjeuner, mais aussi un délicieux Halva avec des bougies :

Henri était là, avec sa petite famille. Et puis les petites filles de l’école de mon petit village, et puis aussi Jis. Emmanuel qui téléphonait à Henri pour passer le bonjour, était suspendu au téléphone. Tout le monde m’a fait des gros bisous puis nous avons soufflé ensemble sur quarante-six drôles de petites choses avec des flammes au-dessus.

Evidemment, cher enfants, avec ma trompe, j’ai soufflé, soufflé ; les quarante-six petites choses et l’Halva sont parties de l’autre côté de mon petit pré, du côté de la rivière. Mes copines les grenouilles toutes éberluées par ce déluge de sucreries ont vite compris que je prenais un an de plus et ont croassé à l’unisson pour se joindre aux festivités.

Ah, merci Kuttan, merci Jis, merci Henri, merci la famille, merci Madame l’institutrice et les enfants de mon petit village, merci les grenouilles, merci Emmanuel ; vous m’avez bien eue.

Moi l’éléphante timide ne pensais pas à mon âge, mais un peu quand-même (c’est vrai que ça fait toujours plaisir de constater que des amis pensent à vous et vous fêtent, hein, les enfants ?).

Je dois avouer que j’espérais un peu que quelqu’un me signifie ce 4 octobre, jour de ma naissance, qu’il avait pensé à moi.

Hummm, je rougis et vacille ; cette émotion me tourneboule. Comme vous le savez, je n’ai pas connu ou si peu mes parents, je n’ai connu depuis ma tendre enfance que mon cher Kuttan, qui s’occupe de moi comme s’il était ma mère, mon père, mon frère, ma sœur :

Je suis ravie de cette festivité impromptue, mais bon, cela me rappelle le temps qui passe, l’âge qui grandit, les petits bobos aux pattes qui s’accélèrent, les troncs d’arbre que je déplace de la montagne moins facilement qu’autrefois car j’ai besoin de souffler.

Kuttan m’a offert pour cadeau un article très intéressant qui montre que pour vous, les humains, l’énergie à dépenser dans le corps pour grandir est d’abord au moment où vous êtes bébés. Kuttan me dit que les humains pensent qu’il en est de même pour les éléphants, car nous sommes vous comme moi des mammifères.

Hummm hummm, très intéressant. L’énergie de vie serait donc au tout début de notre existence, puis nous vivons sur ces acquis.

Mon cher Henri et sa gentille famille m’ont offert pour cadeau un article qui raconte le plus vieil animal à ce jour en vie sur notre belle planète, une maman requin qui vivrait dans les mers froides chères à mon cœur, comme vous le savez, du côté du Groenland :

Ah oui, quatre cents ans cette Madame…

Ça fait donc pour moi, l’éléphante passionnée de calculs de tout, huit vies de presque cinquante ans (mon presqu’âge) à vivre encore.

Jis et Emmanuel, connaissant ma passion pour les mers froides au haut de notre planète, se sont décarcassés pour m’offrir un coussin propice à mes plus beaux endormissements et rêveries :

Chers enfants, que mes nouvelles quarante-six années sont comme un commencement 😊 En fait, me-dis-je, peu importe l’âge : j’ai tous les âges.

Je vous embrasse chers enfants,

A demain,

Shila