Lettre de Shila : “Philharmonie du paysage”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous remarqué comme moi que le sol peut avoir un revêtement différent ? Quand vous marchez jusqu’à l’Ecole, ou allez avec vos chères éducatrices et éducateurs en fourgon pour vos rendez-vous, n’avez-vous pas remarqué que le sol est parfois lisse, parfois strié, parfois plat, parfois bossu, parfois moelleux sous la patte, parfois dur, caillouteux, jusqu’à occasionner des bobos au bout de vos pieds ?

Je ne me lasse pas de randonner avec Kuttan pour me rendre jusqu’à mes chères montagnes et y travailler avec lui à l’entretien des forêts. Moi l’éléphante observatrice et curieuse de tout, suis toujours interloquée de comparer la qualité des sols sous ma patte, et le contraste entre la dureté de ces minéraux parsemant le chemin que nous gravissons d’avec la fluidité des cours d’eau qui ruissellent à nos côtés.

Comment vous dire ? C’est comme si l’un avait besoin de l’autre, bien que si différent par nature.

Je ruminais ce dialogue permanent entre liquidités et solidités en me rendant ce matin, avec mon cher Kuttan, devant le petit pont de la rivière « Kurianad » qui traverse de part en part mon cher petit village. Je vous avais parlé des travaux en cours pour permettre à ce qu’éléphants, voitures, camions, bicyclettes, motos, triporteurs, puissent circuler sur son dos sans que le vieil arche au-dessus de l’eau ne vacille et mette en danger tout le monde :

Mon cher Henri me dit que par chez vous, un pont très important lui aussi est en train de retrouver une nouvelle jeunesse pour les mêmes raisons.

Humm les enfants, que ces pachydermes de fer et de béton sont imposants ; ils tracent des lignes essentielles permettant aux humains, aux animaux, aux choses d’aller d’une rive à une autre, et ainsi de participer à la bonne santé du petit pays.

Et la rivière “Kurianad” par chez moi, et le fleuve “La Liane”, par chez vous, passant dessous ces rocs construits par les humains, tels des voilages volatiles ; n’est-ce pas poétique cette alliance entre la force de l’architecture et la gracilité de la nature ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri qui appelait Henri pour me passer le bonjour, a partagé avec moi ces douces rêveries.

Emmanuel m’a cité une magnifique baie non loin de chez vous, la baie d’Authie, où les humains sont en train de poser une passerelle permettant aux marcheurs d’aller de part et d’autres de l’estuaire. Sans oublier le pont passerelle du Mont Saint-Michel, cher à mon cœur comme vous le savez :

Emmanuel m’a raconté qu’en ce moment, dans le ciel par chez vous, de drôles d’avions font aussi des sillages.

Si j’ai bien compris, ces aéronefs vont et viennent selon des trajectoires très très définies pour améliorer encore les cartes de votre petit pays, et permettre de solutionner des problèmes d’aménagement que les humains se posent de plus en plus.

Hummm, très intéressant… Ce ne sont pas seulement les surfaces de notre Terre qui sont à la fois striées, lisses : c’est aussi son atmosphère !

Ainsi l’air qui porte ces avions est comme l’eau qui coule sous les ponts : ces oiseaux de fer quadrillent le ciel, lequel est d’un mouvement tranquille, sans limites.

Ah mes chers enfants, que ces paysages où s’allient les contraires pour former une harmonie au profit de toutes et tous me ravissent.

Je vous souhaite de belles pensées entre terre et mer, entre ciel et horizon, entre rive droite et rive gauche.

Gros bisous,

A lundi,

Shila