Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?
Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit qu’en ce moment la nuit se couche par chez vous vers dix-sept heure. Chez moi, au Kerala, quand il est dix-sept heure chez vous, il est presque minuit dans mon pré.
C’est chouette, grâce à cette nuit qui vient plus tôt, vous, comme moi, pouvons contempler au-dessus de nous, si les nuages n’y sont plus, les étoiles, la voie lactée. Quand, l’autre jour, Henri m’avait fait écouter des mélodies italiennes au clair de Lune, je m’étais assoupie, rêveuse, contemplative, apaisée :
Magnifique, n’est-ce pas ? Comme vous le savez, aller au plus haut du ciel est pour moi une idée récurrente. Je vous avais racontée l’histoire folle des humains de mon pays pour faire voler des éléphants. J’y pense toujours :
Emmanuel me dit qu’il y a des milliards de kilomètres inexplorés bien au-dessus de ce que je puis voir à bord d’un hélicoptère. Emmanuel me dit que les humains appellent ces étendues infinies : « l’espace ». Ces contrées hors du commun m’intéressent beaucoup, mais je pense que nous autres, les animaux de la Terre, ne pourront pas y aller. Je sais bien que tout cela n’est qu’un rêve :
Emmanuel m’a dit que je me trompais, que ce n’était pas un lieu inaccessible pour les animaux, et que le premier être vivant à aller dans l’espace s’appelait Laïka, dame chienne d’un pays appelé la Russie.
Une chienne dans l’espace ? Et puis quoi encore ? Pourquoi pas un chat, un rat, une araignée, un poisson ?
Bah oui, eux aussi ont voyagé dans le cosmos. Emmanuel me dit que ces bestioles y sont aller en priorité malgré eux parce que c’était pour aider les humains à savoir si aller vivre là-haut était possible. Les humains ont préféré envoyer les animaux plutôt qu’eux, tellement ils avaient la frousse. Ouille ouille ouille, alors gagner les étoiles à bord de machines extraordinaires, c’est pour moi aussi ? Demain ? Dès que mon pays aura construite la fusée capable de m’élever, moi qui pèse trois tonnes ? Emmanuel m’a dit que ce n’est pas encore pour demain tant les efforts à fournir pour inventer cette machine sont pour l’instant hors de portée, mais que mon pays y travaille d’arrache-pied.
Chers enfants, il faut que je m’y prépare. Malgré les risques, j’aimerais tant toucher de ma trompe la voie lactée que je regarde si souvent tout comme vous à la nuit tombée. J’ai crû comprendre que vous connaissiez une célèbre bande dessinée qui raconte le désir, chez vous, de l’espace, et les frustrations que vous deviez dompter tant il vous pose des défis. Emmanuel me dit que des efforts gigantesques sont entrepris par les humains pour que l’univers soit habitable, certains qui échouent – comme ce fut le cas de ce télescope géant qui vient de s’effondrer. D’autres, qui réussissent – comme cette machine qui est en train de revenir vers la Terre après avoir ramassé des cailloux sur la Lune, terre cousine de la Terre et habitant à 384 400 kilomètres de chez nous dans l’espace.
L’important, si je comprends bien, est non de savoir s’envoler, mais bien de savoir revenir, voire d’atterrir.
Ainsi, me raconte Emmanuel, une machine très coûteuse créée par les humains est allée très très loin dans l’espace, est venue survoler la Terre pour lui dire un petit coucou, et est ensuite repartie pour des endroits inconnus de tous. Hummm, maintenant que je suis avertie, je me demande, chers enfants, si la voie lactée ne serait pas l’endroit préféré de nos rêveries, tellement charmant que nous n’éprouverions plus la nécessité de revenir dans nos chères Maisons, mon cher près, sur cette belle vieille Terre qui est nôtre.
C’est une question qui mérite d’être ruminée ; je suppose qu’une chanson permettra d’agrémenter à bon escient ce mâchouillage de pousses de bambou cosmique :
Belle traversée intersidérale chers enfants,
Bisous,
A demain,
Shila