Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?
Ce matin, après avoir brouté le petit déjeuner apporté par mon cher Kuttan, j’ai fait sept fois le tour de mon petit pré pour me dégourdir les pattes.
Vous connaissez ma passion pour l’arithmétique :
Et bien j’ai calculé dans ma tête la distance parcourue ce matin en faisant sept fois le tour de mon petit pré, à peu près douze kilomètres. Pas mal n’est-ce pas ?
Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, m’a félicité pour cette prouesse mais m’a dit qu’un de mes lointains ancêtres avait quant à lui parcouru près de deux fois le tour de la Terre tout en restant dans son chez lui, appelé l’Alaska soit près de quatre-vingts mille kilomètres !
Hummm, l’Alaska… Je crois, chers enfants, que vous connaissez un peu ce coin-là grâce aux expositions que vous faîtes au Musée de Boulogne-sur-mer :
Et bien de me dire que cette terre immense fut parcourue en long et en large tout au long de sa vie par mon aïeul mammouth au fil des saisons m’émeut et m’encourage à gambader toujours plus jour après jour.
Mais, saperlipopette ! Comment les humains ont-ils pu connaître avec autant de précision les pérégrinations de mon ancêtre ?
Mon cher Kuttan m’explique que cela est rendu possible en examinant les os de son squelette.
Ah, oui, je me rappelle de cette lettre où je vous faisais part des recherches d’ADN pour préciser la parenté entre nous autres, les éléphants, et eux-autres, les mammouths :
Et bien, me dit Kuttan, ce fut un peu le même procédé pour comprendre combien mon aïeul pachydermique parcourut les terres d’Alaska ; un peu comme les arbres, si j’ai bien compris, le squelette de mon ancêtre a raconté ce qu’il a vécu : ce qu’il a mangé, où il l’a mangé, depuis combien de temps il n’avait pas mangé ce qu’il a mangé.
Ouaaa, c’est hyper précis, mais comment les humains ont-ils pu déterminer tout cela ?
Dans l’ivoire des défenses du mammouth retrouvé en Alaska, me dit mon cher Henri, se trouvait du strontium. C’est une minuscule, minuscule, minuscule petite chose qui, si j’ai bien compris, est dans les végétaux que nous broutons, et qui a le pouvoir de rester dans les os des animaux jusqu’à des milliers d’années après leur disparition.
En comparant les différentes minuscules petites choses selon la profondeur de l’os, les humains ont pu, comme avec les cernes des troncs d’arbres qui racontent à leur façon les mêmes histoires de vie, dire à quel âge il a mangé ceci, cela.
OK, ça je comprends, mais comment peut-on déterminer les endroits où il a mangé des dizaines de milliers d’années après sa disparition ? C’est vrai quoi, l’Alaska a dû sacrément changer depuis toutes ces années.
Emmanuel me dit que cette minuscule, minuscule, minuscule chose appelée « Strontium » peut être trouvée aujourd’hui encore dans les espèces végétales qui poussent en Alaska ; les humains ont donc pu retrouver les lieux où broutait mon ancêtre.
Ouaaa, bravo les humains, c’est chouette de pouvoir raconter la longue histoire de la vie en reliant avec autant de précision les animaux, les végétaux, les sols, le climat.
Vive l’arborescence chers enfants, vive la vie 😊
Je vous embrasse très fort,
A demain.