Bonjour chers enfants,
Souvent, nous, les animaux, vivons des déconvenues telles que nous pensons ne pas pouvoir nous en sortir.
Je pense à ma cousine, qui était tombée dans un puits profond. La pauvre, qu’elle a dû être paniquée et désespérée. Et puis, les humains ont réussi à la sauver in extremis.
Je pense aussi à cette vache de mon pays, qui accueille l’un de ses plus grands ennemis à la nuit tombée comme si c’était son bébé. Les humains disent de la nature qu’elle est cruelle, et pourtant cette vache et ce léopard de mon pays nous laissent à penser que la relation d’affection peut exister au-delà des lois de la prédation.
Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article qui explique combien ce lien était a priori impossible selon vous :
« Nous ne savons pas grand chose sur les habitudes et le comportement de ces animaux, et nous ne sommes pas pleinement conscients de certains des comportements mystérieux des êtres humains. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi le léopard rencontrait régulièrement la vache et se comportait d’une manière que les gens du village ne croyaient pas. C’était plus surprenant pour moi que la raison pour laquelle une vache acceptait son ennemi et aimait comme elle pourrait aimer ses veaux. L’enquêteur pense que le jeune léopard a peut-être été affecté par l’absence de sa mère et a en quelque sorte détecté certaines qualités maternelles chez la vache, ce qui l’aurait rassurée et l’a aidée à faire face sans sa propre mère. »
Et vous ? Ressentez-vous parfois ce sentiment d’impuissance quand tout semble fichu ? Ne désespérez pas, chers enfants.
Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, m’a raconté qu’il y a peu de temps un humain qui roulait à bord d’une voiture allant aussi vite qu’un faucon pèlerin en piquet (trois-cents quatre-vingts neufs kilomètres / heure, animal le plus rapide du monde) … :
… A buté contre un mur, a vu sa voiture prendre flammes, et a trouvé malgré ces conditions infernales les ressources en lui pour s’extirper de la carcasse, avec l’aide de sauveteurs.
Ouille ouille ouille, je ne sais si, moi, l’éléphante costaude, aurais pu m’on sortir.
Emmanuel m’a aussi raconté l’histoire vraie de deux alpinistes qui gravissaient une montagne au moins aussi haute et dangereuse que celles de mon pays… :
… Et dont l’aventure s’est très mal passée, l’un d’eux tombant dans le vide raccroché à la corde de son ami. L’humain, désespéré par le froid, la tempête, l’épuisement, a dû décider de couper le fil. Emmanuel m’a dit que cette décision douloureuse lui permettait de se sauver lui-même, ce qui me semble une bonne chose :
Emmanuel m’a raconté que cet humain était persuadé d’avoir tué son ami, et en était dans le trente-sixième dessous pour avoir commis cet acte nécessaire, mais irréparable. Et puis son ami s’est traîné jusqu’au campement après plusieurs jours de souffrance intense. Emmanuel me dit qu’il a réussi à s’en sortir. Les deux alpinistes sont, depuis, indéfectiblement attachés l’un à l’autre.
Mes chers enfants, je vous soumets cette pensée en guise de morale de toutes ces histoires incroyables mais qui en disent long : la vie ne fait pas de cadeaux, et il faut savoir s’y préparer. Plus on traverse les épreuves de la vie, plus on découvre comment les surmonter, plus on est prêt à affronter d’autres périls encore plus grands, qui ne manqueront pas d’arriver, qu’on les souhaite ou qu’on les subisse.
Emmanuel me dit que dans vos Maisons, vous pouvez compter sur de bons professeurs de cette aventure extraordinaire, qui vous emmènent dans des défis que peu d’humains de nos jours savent accomplir :
Vous voilà bien équipés ; je me dis que vos éducateurs sont comme un chef d’orchestre qui compose avec la multitude et l’inattendu pour faire advenir le meilleur :
Belle aventure de la vie chers enfants,
A demain,
Bisous,
Shila