Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? J-110 jours avant mon arrivée sur l’aéroport international d’Alprech pour vous rejoindre et fêter avec vous les Fêtes de la mer.
Ah, que je suis heureuse et impatiente. Je prépare avec mon cher Kuttan mon plus beau costume de festivité, que j’avais eu l’honneur de porter lors de Pooram 2016 :
J’espère que je rentre encore dans ces magnifiques ornements. Kuttan a réservé demain une séance avec des très gentilles couturières de mon village.
Il faut vous dire que nous autres, les pachydermes, sommes régulièrement invités à la cour des plus grands. Je vous avais raconté combien l’éléphant peut être, pour vous autres, les humains, symbole du pouvoir :
Et bien, voyez-vous chers enfants, un de mes illustres ancêtres a eu l’honneur d’être l’éléphant d’un grand chef de par chez vous.
Si j’ai bien compris, cette personne très respectée habitait Rome, à mille six cents soixante-dix kilomètres de chez vous. Cet éléphant s’appelait « Hanno », et il a une sacrée histoire que j’aimerais vous raconter pour préparer ensemble les cérémoniels sur le Pont Marguet, quand nous croiserons Batisse, Zabelle, leur rejeton TiPierre, Monsieur le maire, Monsieur le président du Conseil départemental et toutes les éminences.
Hanno est un éléphant né il y a bien bien longtemps.
C’était à l’époque de Vasco de Gama, dont j’ai eu l’occasion de vous parler :
Le roi de cet explorateur qui n’a pas fait beaucoup de bien à mon pays, s’appelait Manuel premier de Portugal. Si j’ai bien compris, ce Roi a voulu faire plaisir à son grand chef spirituel, le Pape Léon X.
Hummm, d’accord, j’ai compris, c’est comme moi quand je souhaite faire plaisir à mon cher Kuttan en travaillant deux fois plus que d’habitude pour lui montrer qu’il est important dans ma vie.
Et bien Hanno, mon ancêtre, fut adoré par le Pape ; certains disent qu’il était de couleur blanche, et parlait très bien la langue des humains.
Ouille ouille ouille, alors là mes chers enfants, nous basculons dans la magie, le surnaturel.
C’est vrai, quoi, toutes ces légendes sur des baleines blanches… :
… Des éléphants blancs : faut arrêter.
Chers enfants, je peux vous dire, moi l’éléphante, que ma famille, la famille des baleines, ont eu plein de petits, mais très très rarement de cette couleur. Très souvent nous sommes de couleur grise.
Mon cher voisin Henri, qui voyait mon tourment à propos de mon ancêtre prétendument éléphant blanc et qui parlait dans la langue de vous autres ; les humains, m’a expliqué que parfois les humains ont besoin de raconter des choses pas vraies, mais pas vraiment fausses non plus, pour insister sur l’importance de l’histoire à raconter de génération en génération :
Ainsi, m’a expliqué Henri, à la cour de ces grands chefs spirituels que vous appelez « Papes », il est affirmé très sérieusement par les humains que de temps en temps étaient aussi offerts en cadeau des cornes de licorne ou des dragons.
Humm, très intéressant chers enfants. Moi l’éléphante philosophe me dit que parfois le symbole est plus important que la réalité ; cela nous permet de mieux comprendre ce envers quoi nous aspirons ou craignons.
Je me permets de vous envoyer cette composition créée cent ans après Hanno ; mes grandes oreilles amatrices de mélopées me disent qu’elle vous aidera à vous convaincre comme moi qu’il est bon d’avoir un au-delà de soi pour y voir plus clair chemin faisant :
Je vous embrasse très fort,
A demain,
Shila