Lettre de Shila : “Un jour sans fin”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Emmanuel me dit que vous aimez regarder avec vos éducatrices et éducateurs des films de science-fiction avant d’aller vous coucher. Je vous comprends, ces histoires incroyables sont des explorations qui éveillent la conscience et permettent de faire des aventures incroyables durant le dodo.

Hier soir, mon cher voisin Henri regardait devant sa télé un film, et je me suis permise d’aller le regarder avec lui :

Si j’ai bien compris, le film racontait des voyages dans le temps. Cela m’a passionné.

Henri m’a dit que vous autres les humains, avaient inventées beaucoup d’histoires dans les livres et au Cinéma pour raconter ce que cela fait d’être transporté dans un autre temps que celui que nous vivons.

Parmi les films que vous autres, les humains, regardez beaucoup depuis un an et l’apparition du satané virus, il y en a un, me raconte Henri, auquel vous pensez tous les jours. Il raconte que chaque jour est comme un jour sans fin.

Humm… Très intéressante cette histoire d’un Monsieur qui ne cesse de vivre exactement les mêmes situations jour après jour, alors que les jours passent, et qui ne comprend pas pourquoi il a le sentiment que rien ne change, alors que son réveil, sa montre, le Soleil dans le ciel, indiquent le contraire. Il y a de quoi devenir fou !

Mon cher Kuttan m’a expliqué que les humains avaient repéré ce problème et l’avait appelé la « boucle temporelle » ; l’impression d’être enfermé dans un moment que rien ne peut changer, même le temps qui passe.

Ah oui, maintenant que Kuttan me le raconte, parfois moi aussi j’ai l’impression d’avoir déjà vécues des situations alors que je me suis levée pour un nouveau jour.

Comme j’étais toute tourneboulée, Henri est venu pour me parler de votre Conseil scientifique, d’un Monsieur qui s’appelle Pierre, et qui réfléchit beaucoup avec vous à comment fonctionne le cerveau de tous les êtres vivants. Henri, pour me rassurer, m’a expliqué que mon cerveau, votre cerveau, le cerveau des créatures douées de mémoire, ont un fonctionnement qui régulièrement analyse ce dont nous nous souvenons parfois au moment même où nous vivons d’autres choses tellement différentes, et que cela n’est pas un signe de maladie, mais de vitalité.

Oufff, cela me rassure. J’avais l’impression de perdre la tête.

Mais, est-ce que cela veut dire que tout cela n’appartient qu’à nous, les êtres vivants de la planète Terre ?

Emmanuel, alerté par Kuttan et Henri sur mes prises de tête, m’a envoyée une lettre racontant que vous autres, les humains, êtes sur le point de découvrir un phénomène incroyable dans l’Espace, mais qui n’a pas encore été prouvé. Si j’ai bien compris, cela s’appellerait « les trous de ver », des sortes de passages cosmiques entre deux galaxies qui fait qu’on a tel âge si l’on vit proche de cette étoile-là, et tel âge si on vit une fois aller dans son véhicule spatial pour rejoindre telle étoile par un raccourci :

Oulalala, ouille ouille ouille, que c’est bien mystérieux. En même temps, chers enfants, j’aime bien cette idée selon laquelle des jumeaux terriens, extraterrestres, nés au même moment, n’auront plus le même âge selon que l’un reste sur sa planète et l’autre voyage dans l’Espace :

J’aime bien aussi de me dire que si je voyage dans l’Univers à bord d’une des fusées que mon pays fabrique, je pourrais être plus jeune à mon retour qu’un éléphanteau.

Henri me dit que dans le pays à côté de chez moi un enfant a un corps bien plus vieux que son âge, et que dans un pays à cinq milles kilomètres de chez moi, en Corée du Sud, un adulte a un corps d’enfant.

Chers enfants, que la conscience du temps est dynamique.

C’est chouette de se sentir faire moins ou plus que son âge selon les circonstances : ça montre que nous vivons. Je me sens tout d’un coup comme Alice au Pays des Merveilles :

Bisous,

A demain,

Shila