Ici et ailleurs, ce qu’ils nous enseignent.
Nous sommes tous pétris des belles rencontres et lectures faites tout au long de notre carrière.
J’ai pu évoquer les grands-mères rencontrées au début des années 1990 dans les orphelinats d’Arménie (lettre du directeur numéro 12) ou la pensée éducative développée au début du vingtième siècle par August Aichhorn (lettre du directeur numéro 10).
Aujourd’hui je vous propose, dans cette lettre, de revenir sur des références intellectuelles, des rencontres avec des mouvements d’idées et les collectifs qui les portent, des évolutions de la loi sur la protection de l’enfance qui vont de mon point de vue dans le bon sens – celui de l’intérêt supérieur de l’enfant, des jeunes que j’ai rencontrés au Burkina Faso récemment dans le cadre de séjours proposés par notre service” Itinérance”.
Avec la psychothérapie institutionnelle, parce que nous ne saurions dissocier l’exercice quotidien de notre métier d’un regard réflexif sur nos pratiques et modes de pensée.
« … moins on disjoint notre regard sur la folie de notre regard de la vie, moins on risque de souiller la souffrance de ceux qui sont perturbés dans des difficultés de vivre… »
Cette citation, extraite de l’ouvrage Le miroir ensorcelé de Lucien Bonnafé, est la plus éclairante pour exprimer cette nécessité de dialoguer avec nous-même, alors que nous sommes en train de regarder, d’interagir et de parler avec les enfants.
Nous pourrons débattre de ces questions épistémologiques essentielles dans le cadre d’une journée d’étude organisée le 9 juin 2015 à Lille à l’initiative de l’association « Arrière-pays » et en partenariat avec l’Ecole Européenne Supérieure du Travail Social (EESTS).
Parce que François Tosquelles, Jean et Fernand Oury, ne sont pas étrangers à ce que nous avons pu produire, avec d’autres, au sein de nos Maisons, j’ai souhaité commencer par l’évocation de ce courant d’idées et toute sa créativité. Dans cette filiation, Je vous invite à la lecture de Clinique de Dostoïevski ou les enseignements de la folie, de Heitor O’Dwyer De Macedo, psychanalyste, pour qui la psychanalyse est citoyenne ou elle n’est qu’imposture.
Avec ATD Quart Monde, parce que nous devons rapprocher éducation populaire et protection de l’enfance, militance et travail social, subjectivité et société.
Le mérite de cette journée proposée par le “secrétariat famille” du mouvement « ATD quart monde » le 28 mars 2015 à laquelle j’ai participée, fut sans aucun doute d’avoir pu permettre à différents mondes de se rencontrer : des militants, des adhérents, des institu-tionnels, des chercheurs, des professionnels, et ce, autour d’une question centrale : « quel accompagnement auprès des familles ? ».
Comme à leur bonne habitude, les organisateurs avaient invité des personnes intéressées à la question pour leur propre compte – pour leur propre combat devrais-je dire : ici une mère et de son enfant, et assise à ses côtés, une militante.
Je commence par vous parler de cette dame : celle-ci, hier, médecin de PMI, est aujour-d’hui militante dans ATD, à leurs côtés. Au fil de son histoire, et sans que les places égrenant son parcours ne se confondent, cette militante réussit à relier deux mondes, avec cohérence : celui des professionnels et celui de l’engagement militant.
Son témoignage vient ici, de mon point de vue, dire l’urgence pour les professionnels de la protection de l’enfance, du soin, ou du social, à sortir des catégories dans lesquelles ils ont été enfermés par les effets d’absence de réelles politiques sociales et des spécialisations cloisonnées dans des savoirs segmentés.
Il ne peut y avoir d’actions de soins, d’éducation, de pédagogie, sans ce croisement des savoirs que met en pratique cette association depuis le début et qui a toujours inclus les personnes comme actrices dans l’élaboration des réponses qu’ils cherchaient, sans ou-blier, ce qui est fondamental, l’action et l’appartenance collective pour y réussir.
Je ne développerai pas plus sur ce sujet, qui sera abordé par Colette Duquesne, chargée de projet prévention au Conseil Général des Hauts-de-Seine, lors de son intervention du 3 juillet, dans le cadre du colloque que notre institution organise.
J’aimerais à présent vous parler de cette autre dame, mère de famille. Que nous disait-elle ?
Qu’elle a dû faire valoir ses droits pour que son enfant ne bénéficie pas d’une mesure d’assistance éducative, ce qu’elle a pu démontrer, avec l’aide de l’association. L’on ressentait, lorsqu’elle nous racontait le parcours qui avait été le sien, l’élaboration qu’elle avait faite, la valeur du combat dans lequel elle s’était engagée.
Elle disait ainsi trouver des témoins, et des appuis, et une vie en société pour sortir de la solitude. Par ce travail, par son travail, elle obtenait aussi de ne faire destin de toutes les difficultés qu’elle avait rencontrées dans les premiers temps de sa vie.
L’éducateur, le directeur, le travailleur social ne peut que s’en réjouir, sans aucune réserve. Car et en effet : le droit est la base commune de tous, militants ou travailleurs sociaux.
Au sujet des bénéfices d’une séparation choisie.
Mais il est vrai qu’avec ATD nous avons eu des différends, particulièrement sur les décisions de placements judiciaires.
Les institutions étaient alors perçues comme des briseurs de liens familiaux. C’était sans aucun doute faire peu de cas du travail des éducateurs ou des décisions des juges, le plus souvent. Les établissements étaient alors pris dans le fil des représentations des anciens orphelinats et toute la misère du monde qui s’y greffaient.
De mon point de vue, ce propos était décalé avec des réalités qui se modifiaient, par la loi, et par les usages.
Et aujourd’hui, il nous faut en finir définitivement.
Les lois depuis 1984 nous y aident. La place de la famille est clairement identifiée comme incontournable, autant que faire se peut, et il est évidemment essentiel de faire ce qui est en notre pouvoir pour d’abord permettre à la famille d’être accompagnée.
Si je pense que la mesure d’assistance éducative a toujours été une ressource pour la famille, il est vrai que le positionnement des travailleurs sociaux a aussi évolué.
Mais aujourd’hui un placement, ou quelques mesures d’assistance éducative que ce soient – et encore une fois il faut plutôt privilégier par des accompagnements au sein du lieu habituel de vie des jeunes -, doit être pensé comme une ressource pour les familles.
La mesure administrative, qui est le plus souvent requise, permet cette nouvelle alliance avec les familles, qui sont à part entière décideurs des mesures.
Le droit permet aussi aux familles de prendre toute leur place dans l’exercice des droits de l’autorité parentale, sans exclusive, si ce ne sont les décisions judiciaires. La réalité, c’est effectivement que les parents sont présents dans le quotidien des jeunes, s’ils le souhaitent, à la demande des institutions elles-mêmes.
Si à l’époque, comme le rappelle Monsieur Rozenweig, des travailleurs sociaux pouvaient s’étonner, voir même refuser à un parent de conduire son enfant à l’école alors que le jeune vivait dans une institution, soyez certain qu’aujourd’hui nous nous en réjouissons.
Et c’est le cas, pour une visite chez le médecin, pour aller à l’école, pour discuter avec l’un ou l’autre des éducateurs, et plus particulièrement le référent de l’enfant, et pour toute autre situation, en fonction des évènements familiaux ou besoins de l’enfant et de la famille.
La nouvelle loi de protection de l’enfance dont l’assemblée nationale vient de débattre en seconde lecture confirmera ce mouvement : il s’agit bien de donner la place de droit pour les points d’appuis humains autour d’un jeune (le parrainage, les bénévoles, l’adoption simple, la famille d’accueil ou les éducateurs de l’institution).
Et pour ce qui nous concerne, au sein de notre association, nos Maisons des enfants de la culture, prendre place dans la cité et faire reconnaitre nos jeunes et leurs familles comme acteurs culturels du territoire va dans ce sens.
Les parents ou tuteurs légaux, les travailleurs sociaux, les associations militantes comme ATD sont les bienvenues dans ces Maisons de la culture, maison commune.
Au sujet des bénéfices du Projet Pour l’Enfant (PPE).
Au fil des années, les institutions et les représentations du travail éducatif et social évo-luent. Mais il serait bon aussi que ceux qui ont encore une image dépassée de nos éta-blissements culturels fassent l’effort de les accueillir, non à partir de leurs représentations dépassées, mais pour ce qu’ils font aujourd’hui réellement.
Le « Projet Pour l’Enfant », qui devient par la loi, la pierre angulaire de toute démarche éducative, aura le mérite de mettre autour de la table tous les intervenants, auprès du jeune et de ses tuteurs légaux.
Son approche pluridisciplinaire permettra à chacun de travailler autour d’un sens commun, si l’on veut bien en faire un outil instituant (et pas qu’institué, ni qu’administratif).
Pour les mesures judiciaires, en est-il autrement ?
Fondamentalement, je ne crois pas.
La reconnaissance de la place de chaque parent, des frères et sœurs, ou de tout autre appui faisant référence pour l’enfant, devra être faite dans le respect des décisions du juge. Car la reconnaissance de la filiation et de la fratrie est incontournable pour le jeune.
Reconnaître la place de chacun, ce n’est pas en nier les difficultés à prendre ou à tenir sa place.
Par contre, lorsque les appuis sont si peu nombreux au sein de la famille ou dans l’environnement de l’enfant, il est indispensable de faire priorité de cette question dans le projet pour l’enfant. Ce ne devrait jamais être sans tenir compte de la filiation, et ce sera avec les ressources qui peuvent ou non être mobilisées. De ce point de vue, l’adoption simple est plus respectueuse du passé de l’enfant en ce qu’elle la maintient.
La séparation choisie des adolescents avec notre service “itinérance”.
Que nous disent ces jeunes ?
Trois phrases reviendront au cours des entretiens, sur place, au Burkina Faso.
Qu’ils se sont ennuyés, puis ont appris la patience.
Que “Ça fait bizarre“,
Et que : “C’est pas pareil”.
Ces quelques mots reviendront au cours de ces quatre entretiens individuels que nous organisons traditionnellement pendant le temps de leur séjour, soit 110 jours.
Je précise tout d’abord que sur le fond ; ces rencontres ne sont pas très différentes de celles que nous pouvons faire au sein de nos maisons, à Boulogne sur mer. Il s’agit toujours de créer un espace pour penser sa vie, son existence, le lien à autrui, en un présent de la rencontre qui mobilise tant les traces récentes que plus anciennes, en ce qu’elles réactualisent dans le présent des impasses ou des capacités pour advenir en leur qualité de sujet de désir et de filiation, pour tenter d’advenir, chemin qui se fait en marchant.
C’est un travail en silence, en paroles, en échanges, d’élaboration à partir images, d’im-pressions et émotions mises en mots et qu’ils nous donnent, sur ce qu’ils découvrent pour eux-mêmes, de cette société d’accueil et de la nôtre.
J’en viens dans le détail à ce que nous disent ces jeunes, en commençant par l’ennui puis la patience.
Le temps a d’abord permis ce travail, de l’ennui à la patience, sans que l’une n’annule l’autre.
Certes, les jeunes ont quelques activés au programme, mais il y a du temps pour l’oisive-té, pour que le temps s’écoule, pour la passivité, que la chaleur et le contexte facilitent. Nous le savons, ce n’est pas facile pour eux, de vivre sans être connectés au téléphone ou à la télévision, sans toujours avoir d’électricité, sans leurs familles ou camarades.
Mais cet espace et ces modes de vie qu’ils ne connaissent pas, accompagnés par leurs éducateurs, à cette vertu de les contraindre à inventer d’autres modes relationnels ou de vie que ceux qu’ils répètent au sein de leur ville, sans toujours les percevoir. Ce monde étranger dans lequel ils s’immergent devient source et appel pour ressentir, apprendre, découvrir et parfois, pour dire : “J’ai ressenti que j’avais besoin des autres, et besoin de faire quelque chose d’utile“.
Ce n’est rien d’autre que de pouvoir donner du sens à sa vie, et c’est bien sur essentiel.
Ce mouvement de l’ennui à la patience, c’est aussi le temps pour apprendre à différer, c’est le temps possible pour créer un nouveau cadre de pensée avant d’agir, c’est le temps pour accepter une autre vision du monde, de sa vie, une capacité à renouveler son “être au monde” et se découvrir autre.
C’est l”entre-deux” des situations, que nous vivons au cours de ces entretiens, qui est intéressant : entre hier et aujourd’hui, entre ici et là-bas, un espace d’ennui et de rêveries devient un espace transitionnel de latence, de pensées, de dialogue : je suis “ici” et pas “là-bas”, bien que je me représente ce lieu-dit “là-bas” et le fait exister “ici” avec celui que je rencontre.
Entre le connu et l’inconnu, c’est l’être qui s’ouvre au monde.
Quelques mots du philosophe Maldiney, extraits de son ouvrage Penser l’homme et la folie. A la lumière de l’analyse existentielle et de l’analyse du destin, pour dire la qualité de ces rencontres :
« … Les partenaires ne communiquent pas face à face, les yeux dans les yeux, à moins que dans l’éclair d’une échappée latérale. Ils communiquent dans la zone marginale des apprésentations, ou rien ne se présente encore. Le marginal est le plus proche voisinage du fond de monde. Il s’étend jusqu’à l’horizon toujours ouvert. Celui-ci n’est pas ouvert par un projet de monde ; il est l’horizon de tout ce dont nous sommes passibles, et qui à chaque fois nous arrive sans aucune détermination à priori ; sans jamais avoir été d’abord possible… ».
Ce voyage n’a pas d’autres intentions, (et non objectifs), d’autres visées, que de pouvoir penser sa vie, la revisiter, faire de “là-bas”, qui peut prendre la forme de “l’absence”, un autre espace de possible.
Changer de regard sur ce lieu dans lequel j’enracine mon appartenance, mes relations, donc dans lequel je m’enracine, pour renouveler ma place, mon être au monde, mon cadre pour penser le monde.
La patience qu’il a trouvée, par l’ennui qu’il a subi, est le lit d’accueil qu’il a trouvé pour penser.
Ma position est celle de témoin-acteur dans l’élaboration, si c’est nécessaire. Mais il m’importe évidemment que ce soient eux qui fassent le travail.
A présent, je voudrais analyser ces deux autres phrases récurrentes : “Mais là-bas, c’est pas pareil“, nous disent-ils aussi, et “cela fait bizarre“.
Commençons par : « Mais cela fait bizarre … ».
Avec ce sourire complice des gens heureux qui n’ont pas peur de s’en réjouir …
“Cela fait bizarre“, c’est après avoir appelé les leurs.
Les émotions se bousculent dans le ventre, (c’est à cet endroit du corps qu’ils les positionnent d’eux-mêmes), « à en donner le mal de cœur, lorsque j’appelle ma mère et qu’elle me dit qu’elle pense à moi, et même plus, qu’elle m’aime !!! ».
Ce “cela fait bizarre“, qu’ils disent tous, exprime toute l’ambiguïté du sentiment vécu, de l’amour ressenti et de l’absence de celui à qui ils s’adressent, ce qui leurs permette redécouvrir le sentiment affectueux pour les leurs, les mères, pères, frères et soeurs.
Le “bizarre” se place à l’endroit où se mêle l’amour filial “des siens”, réveillé par la sépara-tion et le manque qu’il fait vivre. Belles retrouvailles; les pistes pour le ressentir s’étaient éloignées dans la vie courante, au point même de créer des ruptures.
Ils sont partis pour cela. Bien sûr pour l’aventure de découvrir un autre pays, d’une autre communauté, d’une autre culture, mais aussi et peut être d’abord “existentiellement” pour l’aventure de se découvrir. Nous leurs faisons ce crédit qu’ils savaient, sans le dire, que les découvertes n’étaient pas toujours à l’endroit où elles étaient écrites.
Mais ces entretiens sont aussi là pour accueillir les impasses, ce qui rate encore, l’attache non déliée du trauma de l’absence d’un père parti “sans donner d’adresse”. Les pères sont tellement présents par leur absence pour trois des quatre jeunes en question… Pour l’un d’entre eux, malgré ses nombreuses tentatives, le père répond effectivement aux abonnés absents, et cela lui est insupportable.
« Il est quand même mon père », marmottera-t-il (je reprends ici le bon mot proposé par Dostoïevski) de nombreuses fois, dans ce dialogue avec lui-même. Dans ce lieu commun, entre lui et moi, il passera de la haine pour la vilenie du père à l’espoir renouvelé de recevoir ce qu’il n’a pas reçu : une relation apaisée avec lui. « Mais c’est quand même mon père », répète-t-il. « J’ai même essayé de le joindre du Burkina » … sans réponse.
Il essaie bien de lui souhaiter de vivre l’horreur de ce qu’il a vécu, et de lui faire vivre la même horreur : « je vais le lâcher comme il m’a lâché ». Première tentative d’élaborer, sans aucun doute, pour se séparer, mais long est le chemin vers une “autre paternité possible en lui”.
Nous en avons encore du travail avec lui, s’il le veut bien, avec son beau-père, nouveau point d’appui sur qui il mise quelques espoirs, et sa mère, mais les “abonnés absents”, sont très envahissants, surtout lorsqu’ils habitent si près de chez lui.
Et s’il y avait au moins une explication en présence du père et du fils pour mettre quelques mots sur les impossibles du père !
Enfin ce qu’ils nous disent aussi, c’est : “C’est pas pareil“.
…Oh !!! Certes, ils ne vivent pas dans la facilité là-bas, mais ils se font des amis. « Ici les gens sont solidaires, malgré les difficultés, la pauvreté. Ici, c’est pas pareil, parce que les gens nous disent bonjour ». C’est avec une réelle gravité qu’ils ajoutent : « dans le quartier, chacun passe son chemin sans se dire bonjour ».
Qu’ajouter ?
Nous ne savons comment cette vitalité, cet “ouvert en eux ” qui émerge au creux de l’entre-deux d’ici et là-bas, ces pulsions de vie qui tentent de prendre la place des pulsions de mort, vont être accueillies au retour de ces jeunes par leur famille.
L’enjeu est d’importance, mais gageons que le travail fait avec elles pendant le temps d’absence de leurs enfants aura aussi changé leurs regards.
Une institution ouverte sur le monde.
Nous avions invité une troupe du Burkina Faso, Sitala, en qualité d’artistes invités pour notre spectacle de fin d’année, près de Boulogne-sur-mer.
Les visas ont été refusés.
Ce n’est pas une bonne décision.
Ce sera pour l’année prochaine.
C’était pour nous l’occasion de leurs donner une place ici dans cette réciprocité de lien.
Cependant, ce soir, à l’initiative d’un éducateur de la Maison du Sport et du Bien-être, nous accueillerons de jeunes basketteurs algériens.
C’est une chance pour nos enfants que de pouvoir faire ces rencontres, devenir tuteurs et guides dans la ville, se mettre à l’écoute d’autres coutumes et rites, prendre soin de nos hôtes.
La tendance est à l’individualisation des mesures et à la privatisation du lien.
L’on a multiplié les droits au point d’exclure du droit, on s’est trop adapté aux particula-rismes en oubliant l’universel, on pense le travail social en oubliant le social.
Aberrant !
L’institution, c’est la filiation, et la filiation en ce qu’elle articule la dimension subjective et la dimension sociale, par le droit qu’une société énonce.
Heureusement (mais c’est parfois mis en question), la plupart des travailleurs sociaux et éducatifs sont reliés à une institution qui se donne un espace pour penser, questionner et limiter les projections personnelles et les passages à l’acte.
Au final, les institutions, quelques soient les mesures exercées, n’ont d’autres objets que la transmission des interdits fondamentaux, interdit d’inceste et de meurtre, qui fondent les échanges humains en subjectivité et en société.
Eric Legros
Directeur de l’institution