Note de rentrée saison culturelle 2025-2026

Le thème de la saison culturelle de cette année 2025-2026 est : « Contrepoint ».

La préposition « contre » est intéressante en ce qu’elle permet dans la langue française de signifier à la fois l’alliance et l’opposition (ex : je me repose contre un arbre / je suis contre tout ce qui est contre). Cette ambivalence est à l’œuvre dans le travail éducatif avec les enfants de l’association, tantôt en demande d’être porté, tantôt dans le refus d’être aidé. Au-delà de la protection de l’enfance et de ses singularités, cette difficulté dans la relation d’aide est identifiée de manière plus générale et de longue date par les sciences humaines sous le terme de « fonction « phorique » » : celle ou celui qui porte doit elle-même, lui-même être porté par un tiers (famille, religion, tradition, état, etc.) pour pouvoir garantir le maintien de la portance y compris en cas de refus de la part de la personne à aider[1].

(Dessin réalisé par l’artiste Marc Ngui, d’après l’ouvrage « Capitalisme et schizophrénie 2 : Mille plateaux » de Gilles Deleuze et Félix Guattari. Plus d’informations ici : https://www.bumblenut.com/drawing/art/plateaus/index.shtml).

A la préposition « contre » sera adjointe le « point de couture », le « poinçon » à l’occasion d’une résidence gravure/couture d’Orianne Gosset destinée du 2 mars au 29 mai 2026 à scander ce qui nous porte individuellement et collectivement :

(Estampe d’Orianne Gosset. Plus d’informations ici : https://www.orianegosset.fr/realisations-p352017.html).

Le « contrepoint » en musique est ce système d’écriture musicale particulièrement apprécié dans le répertoire de Jean-Sebastien Bach ou d’Erik Satie car il superpose différentes lignes mélodiques, lesquelles peuvent s’entremêler mais ne le font pas forcément et si elles le font, à des moments peu attendus des auditrices et auditeurs :

« Traité de la fugue et du contrepoint » Friedrich Wilhelm Marpurg (1718-1795)

« Trois gymnopédies pour piano » Erik Satie (1866-1925)

Autrement dit et par métaphore, le « contrepoint » en musique harmonise différentes voix – ce que nos équipes éducatives travaillent avec les enfants accueillis dans nos lieux de vie collectifs. Même analogie du côté du « contrepoint » en littérature : cette fonction reconnaît dans la langue parlée et écrite l’importance de la réplique et c’est bien là le sel du dialogue permanent des enfants entre eux, des enfants avec nous, des enfants avec les acteurs du programme artistique et culturel de l’association.

A l’occasion de la résidence photographie d’Annie Gazé du 20 au 24 octobre 2025, il sera aussi question du « contrechamp ». Cet espace – qui n’est pas dans l’image et qui est pourtant regardé par celle ou celui dans l’image – est un point de perspective de la protection de l’enfance. Bien que n’étant pas systématiquement là ou parfois très occasionnellement, le cercle familial, les services sociaux, le juge des enfants sont très présents en effet dans le regard porté par les enfants, leurs manières de se représenter le monde tel qu’ils le voient à ce moment de leur vie.

(« E.T », Annie Gazé. Plus d’informations ici : https://anniegaze.fr/boutique/).


[1] WINICOTT D. W. (1969), De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Editions Payot.